Histoire d’eau… Nettoyage des réservoirs des gas oil !

 

Depuis quelques années, je suis confronté à un problème de démarrage de mes deux moteurs, pouvant laisser penser à un désamorçage des circuits d’alimentation de gas oil.

J’ai évidemment commencé à rechercher une prise d’air, par tous les bouts, à tous les raccords, tous les colliers… Mais en vain, toujours les mêmes difficultés à démarrer.

Tout d’abord un peu d’histoire, car en réalité je pense que tout a commencé en 2011. Au retour du rassemblement de Port Camargue, nous faisons une escale très agréable aux Saintes Maries de la Mer et en profitons pour faire un plein de gas oil. Jusque là pas de problème, si ce n’est qu’une dizaine d’heures de navigation plus tard, l’alarme des filtres se met à bipper. Les moteurs fonctionnent à merveille, mais une vérification s’impose.  Après contrôle, je découvre des boues rouges dans les bols transparents des filtres Racor.

Pendant deux saisons je « fais avec », partant du principe que ces boues vont s ‘éliminer petit à petit, à force de renouvellement du gas oil et des purges et « repurges », du remplacement des cartouches filtrantes et des multiples nettoyages intégraux des filtres complets.

Malgré toutes ces opérations, impossible de se débarrasser de ces boues rouges.

 

Je profite de ce petit récit pour lancer un appel à la population : A l’intérieur d’un filtre Racor 500 FG, il y a une bille en aluminium (Check Ball) qui sert de clapet anti retour. Pour « fermer le circuit » cette bille vient s’appliquer sur un joint (Check Ball Seal ou Check Ball Gasket suivant les docs … ), plat d’un côté et incurvé de l’autre, comme pour épouser la forme de la bille et parfaire l’étanchéité du clapet.

Or, à l’origine, sur les trois  filtres Racor 500 FG du bord (1 sur chaque moteur et 1 pour le groupe), le fameux joint était monté (pour moi) à l’envers, c’est à dire la face plate du joint contre la bille, alors que la partie incurvée était contre le corps métallique, donc sans intérêt …

Alors dans quel sens se monte le Check Ball Gasket ? That is the question ?

J’ai cherché dans toutes les documentations Parker / Racor, les versions et les explications sont contradictoires. A noter qu’aucun des nombreux professionnels questionnés ne m’a apporté de réponse catégorique !

Mais revenons à mon gas oil …

Donc toujours mes boues rouges, mes démarrages difficiles et mes nettoyages répétés des filtres … Je m’y suis presque habitué au fil des années !

Par contre je dois me rendre à l’évidence, depuis quelque temps non seulement je n’ai pas d’amélioration mais pire … le problème s’agrave. J’ai de plus en plus de mal à démarrer les deux moteurs !

Un doute s’installe, la peur des bactéries. J’avais écarté cette hypothèse car je n’en ai jamais détecté visuellement, point de filaments, juste une « gélatine » caoutchouteuse rouge. De plus je mets régulièrement du Startron, un additif émulsifiant l’eau et puissant anti bactérien.

Je dois en avoir le cœur net. Bactéries or not bactéries ? Bien que je n’en ai pas de traces visuelles.

Je fais appelle à l’IESPM pour analyser le gas oil.

Le résultat est rassurant ; pas de bactéries … et surprenant, en dehors des boues importantes (mais ça je le savais), le laboratoire détecte une teneur en eau alarmante, soit jusqu’à 2400 ppm de teneur en eau au lieu des 200 ppm maximum toléré !

Or, à aucun moment je n’ai trouvé d’eau dans mes filtres décanteurs. De la boue oui, mais pas d’eau !

Le responsable serait le Startron ! Ce produit serait si efficace qu’il émulsifierait l’eau contenue dans le gas oil au point qu’elle ne pourrait plus se séparer et se déposer par gravité, ni même par centrifugeage, principe de fonctionnement des filtres séparateurs.

Mon bateau ayant été complètement « reconstruit » récemment (fin des travaux en 2009), les réservoirs n’ont « que » 7 saisons.  De plus je fais bien attention à remplir les réservoirs lors de la période hivernale pour limiter les risques de condensation. Alors d’où vient cette eau si ce n’est de « l’eau camarguaise » !

En tous les cas une chose est certaine, les pompes à injection et les injecteurs n’aiment pas trop l’eau, même émulsifiée !

Une nouvelle opération va donc devenir indispensable ; le nettoyage des réservoirs et le traitement du gas oil.

 

Après quelques recherches, une société me semble être la plus professionnelle. Il s’agit d’une société spécialisée dans tout ce qui touche aux carburants et aux réservoirs. Basé à Mougins dans les Alpes Maritimes, EcoTank dispose de bases équipées de barges de travail dans la plupart des ports Méditerranéens.

Après quelques échanges téléphoniques avec la très efficace responsable commerciale, deux techniciens se rendent sur place dans « mon » petit port des Issambres  afin d’établir un devis.

Le prix n’est pas cadeau, mais quand on aime … vous connaissez la suite !

Rendez vous est pris mi janvier pour faire la manœuvre. Un camion citerne spécifique est déplacé, le traitement peut démarrer.

Cela commence par le démontage des trappes de visite pour inspection des fonds des réservoirs. Il y a bien des boues dans les fonds et aussi quelques «moumoutes», sortes de paquets de mélasse rougeâtres.

Le pompage du gas oil est effectué par aspiration. Une fois la totalité du gas oil transférée dans la citerne du camion, le nettoyage des réservoirs peut démarrer. Le gas oil va décanter pendant ce temps là.

Le nettoyage intérieur des réservoirs est effectué à l’aide d’un nettoyeur haute pression et d’un produit dégraissant de qualité industrielle permettant le dégazage. Tous les recoins sont traités, jusqu’à retrouver un état de surface des parois et des cloisons le plus propre possible.

Vient la phase du traitement du gas oil effectué lors du transvasement du camion citerne. Aspiré de la citerne, le gas oil est renvoyé avec filtration coalescence à 0,5 microns couplé à un filtre centrifuge, sensé éliminer toutes les impuretés … et l’eau.

Dans mon cas, je ne suis pas certain que l’eau ait été éliminée en totalité en raison de la présence de l’émulsifiant Startron. Pour finir, ajout d’un bactéricide avec effet biocide, mais pour moi pas d‘émulsifiant déjà présent en forte concentration.

L’opération a duré quatre heures, mais ce n’était pas du luxe !

D’ailleurs je pense que je referai appel à EcoTank tous les 2 ou 3 ans, de manière à éviter ce genre de problèmes, voire pire.

 

Un plein de gas oil propre par dessus et ce ne sera plus qu’un mauvais souvenir … Ca m’aura bien occupé et préoccupé.

C’est décidé, dorénavant je n’accepterai l’eau que dans le Pastis !

Aujourd’hui, j’ai revu mon jugement sur l’utilisation des additifs dans le gas oil. Personnellement, je continuerai d’utiliser un produit antibactérien mais sans émulsifiant. Les filtres séparateurs sont justement étudiés pour séparer l’eau et ainsi pouvoir l’éliminer facilement par la purge.

Et surtout ne pas oublier la règle numéro un, faire le plein au maxi des réservoirs lors de longues périodes d’inactivité afin de limiter les risques de formation de condensation.

Par contre une inconnue perdure … la qualité du gas oil livré dans les ports et là c’est un peu la loterie !

Et vous, Ils sont comment vos réservoirs ?

 

Alain Chambon

GB 36 cl Triton